Volume

Les yeux des mains

Depuis plus de quinze ans, je caresse la matière de mes paumes, depuis plus de quinze ans, les yeux de mes mains s’éveillent toujours un peu plus.
Parfois, j’ai l’impression qu’ils voient mieux que mes yeux, mais à y réfléchir ils ne voient pas mieux, ils voient différemment, ils voient une réalité différente, un monde macrographique, un monde sensuel où seul les détails existent.

En sculpture l’oeil dégrossit puis les yeux des mains peaufine, mais que se passerait-il si sur une matière propice à la sensualité, avec un sujet propice à une même sensualité, je sculptais seulement avec les yeux de mes mains a fin de laisser cette réalité, où s’entrelace sensualité et macrographique, apparaître à la vue traditionnelle ?

Sur de la terre glaise propice à cette expérience, cette matière que l’on modèle en la caressant à même les mains. En une heure sur cette matière docile, permettant un travail d’un seul jet par sont amabilité façonnière. Ainsi je me suis bandé les yeux et ai entrepris de modeler un buste avec les yeux des mains.
Puis pour des faciliter de préservation j’ai moulé cette pièce et fait un tirage en plâtre.

Expérience tactile

Bénit soit le jour de cette expérience tactile,
si irrascible souvenir, quel instant de velours,
quel honneur de goûter cette douceur infantile,
ce corps, enveloppe de ce courroux nommé amour.

J‘ ai, ce matin, lu ses courbes de mes mains,
j‘ ai eu ce plaisir ; vu du long de mes doigts,
ce que n‘ avaient alors que palpé mes yeux câlins,
ce que n‘ avaient que soufflé ces habits de toi.

Auparavant, les devinais de par équation,
hier, tu m‘ en as offert la confirmation,
aujour d ‘hui, tu m‘en octrois la douce révision,
demain, je les modèlerai avec passion.

Je t ‘aime tant, t ‘ai tant savouré, m‘en souviens tant,
que je pourrais, du bout des yeux de mes phalanges,
il me semble bien , de ce seul sens maintenant,
pouvoir te sculpter les yeux bandés, mon p‘ tit ange.